En octobre 2005, j'ai commencé à travailler sur le site de DESY Zeuthen (Allemagne) dans le cadre d'un post-doctorat de deux ans sur le détecteur de neutrinos IceCube. Cette expérience, fruit d'une collaboration de 500 chercheurs, est actuellement en cours de construction au Pôle Sud. Lorsqu'elle sera achevée, elle sera constituée de quatre-vingts lignes portant chacune soixante modules optiques. Ces modules, constitués d'un photomultiplicateur et de l'électronique associée, sont destinés à détecter la lumière Cherenkov produite lors de l'interaction des neutrinos dans la glace et par le passage des particules secondaires à proximité ou dans le volume instrumenté.
Environ un tiers des modules de l'expérience IceCube est produit à Zeuthen et ces modules sont testés sur place dans une chambre froide avant d'être expédiés au pôle Sud. C'est ce qu'on appelle les FAT (Final Acceptance Tests). Au début de mon contrat, j'ai pris la responsabilité des FAT pour le site de Zeuthen.
Pendant chaque FAT, soixante modules sont testés simultanément. Ils sont connectés de manière à simuler une ligne du détecteur IceCube. Un FAT dure un peu plus de deux semaines pendant lesquelles les modules sont soumis à une série de tests systématiques de l'électronique. Ils sont aussi calibrés une première fois à cette occasion. La série de tests est répétée à différentes températures (-45°C au minimum). À la fin d'un FAT, les résultats sont analysés pour déterminer l'origine des pannes éventuelles.
Une fois expédiés au Pôle, les modules sont testés à nouveau avant d'être mis en place dans la glace. Ces tests sont beaucoup plus courts et permettent d'une part d'isoler les quelques modules ayant souffert du transport et d'autre part de calibrer les modules juste avant leur installation. De mi-novembre à mi-décembre 2006, je me suis rendu au Pôle Sud pour installer les équipements, régler les problèmes informatiques et pour tester les premiers modules à devoir être installés cette saison.
L'autre partie de mon activité à DESY concerne la détection des neutrinos électroniques et tauiques de très haute énergie par IceCube. Ces neutrinos engendrent des cascades de particules lorsqu'ils interagissent dans la glace. Or, à haute énergie (au dessus d'environ 20 PeV pour les cascades électromagnétiques), ces cascades peuvent devenir très longues du fait des effets de suppression comme l'effet Landau-Pomeranchuk-Migdal (LPM).
Ce type d'effet n'est actuellement pas pris en compte dans la simulation d'IceCube et je travaille à combler ce manque en collaboration avec un étudiant en thèse. Des paramétrisations des cascades en régime LPM sont obtenues à partir de simulations Monte Carlo et ces paramétrisations sont utilisées dans l'outil de simulation d'IceCube pour déterminer la quantité de lumière Cherenkov produite dans la glace.
À l'heure actuelle, il n'est pas encore possible de dire avec certitude si la prise en compte de l'effet LPM dans les algorithmes de reconstruction permettra une amélioration significative de la sensibilité du détecteur à haute énergie. Quels que soient les résultats, l'analyse des données récentes (2006 et 2007) permettra de donner de nouvelles limites sur les flux de neutrinos astrophysiques de haute énergie. Ce travail devrait s'achever vers octobre 2007, à la fin de la thèse en cours.
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